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Académie d'Etudes Civiques et Sociales
25 octobre 2013

Sommes-nous Rome à la veille de sa chute ?

En accroissant démesurément le pouvoir de l’État au détriment de la responsabilité individuelle, nous faisons la même erreur que Rome il y a des siècles.

Are we Rome ?  Tel est le titre d’une étude fort intéressante de Lawrence Reed, président de la Foundation For Economic Education (USA). C’est aussi le titre qu’ont choisi les organisateurs de la FreedomFest à Las Vegas, cette année.

Pourquoi Rome a-t-elle décliné puis finalement chuté ? Reed explique que l’Empire romain fut un régime militaire parasite, qui ne pouvait survivre que par un afflux permanent de richesses pillées à l’extérieur, des prisonniers réduits en esclavage et des terres volées.

En effet, l’enrichissement de l’aristocratie romaine ne provenait que du butin des invasions et non d’une quelconque création de valeur. Avec la fin des conquêtes et les rendements décroissants des pillages, l’administration dut cependant recourir de plus en plus au pillage interne pour satisfaire son besoin de richesses, ce qui entraîna un appauvrissement général de la population de l’Empire

Au premier siècle avant Jésus-Christ, Rome est passée d’une république dotée d’un régime relativement libéral à la dictature de Jules César, avec un tiers des habitants au chômage. C’est l’époque où le parallèle avec notre époque est vraiment frappant.

Car aux premiers temps de sa grandeur, chaque Romain se considérait lui-même comme la principale source de ses revenus. Ce qu’il pouvait acquérir volontairement sur ​​le marché était la source de son gagne-pain. Le déclin de Rome a commencé quand un grand nombre de citoyens ont découvert une autre source de revenus : le processus politique ou l’État. Les Romains ont alors abandonné la liberté et la responsabilité personnelle contre des promesses de privilèges et de richesses distribuées directement par le gouvernement. Le pouvoir fournissait du pain et des jeux à ses citoyens, mais aussi du porc et de l’huile d’olive.

Les citoyens adoptèrent l’idée qu’il était plus avantageux d’obtenir un revenu par des moyens politiques que par le travail. Cela a conduit l’économiste Howard E. Kershner à énoncer la loi qui porte son nom : « Quand un peuple autonome confère à son gouvernement le pouvoir de prendre aux uns pour donner aux autres, le processus de redistribution ne cesse qu’à partir du moment où le dernier contribuable est dépouillé de tous ses biens ».

Vers 140, l’historien romain Fronto écrivait : « La société romaine est préoccupée principalement par deux choses, ses ressources alimentaires et ses spectacles ». Comme les revenus du commerce ne suffisaient pas à financer l’administration et les garnisons, les impôts augmentaient constamment. Les empereurs dévaluaient leur monnaie en mettant moins d’argent ou d’or dans leurs pièces. Cela provoquait l’inflation. La pression fiscale devenait alors insupportable !

Sous le règne de l’empereur Antonin le Pieux (de 138 à 161), la bureaucratie romaine atteignit des proportions gigantesques, écrit Reed. Selon l’historien Albert Trever, « l’implacable système fiscal, chargé d’organiser la spoliation et le travail forcé, finit par être administré par une armée de soldats bureaucrates ». Partout, les bureaucrates à la solde des empereurs s’employaient à écraser les fraudeurs fiscaux.

Finalement, sommes-nous une Rome contemporaine à la veille de sa chute ? Peut-on dire que l’histoire se répète ?

Considérons les sommes monumentales dépensées pour le sauvetage des banques, les augmentations vertigineuses de la dette publique, la concentration du pouvoir entre les mains du gouvernement central et les incessantes revendications de la part des groupes d’intérêt.

Si ces éléments nous sont familiers au XXIe siècle, ils l’étaient tout autant des Romains de l’Antiquité.

En accroissant démesurément le pouvoir du gouvernement au détriment de la responsabilité individuelle, nous avons fait la même erreur que Rome il y a des siècles. Ceux qui ignorent l’histoire sont condamnés à la répéter. La plupart des gens qui chérissent la liberté s’opposent à l’État-providence pour des raisons morales, philosophiques et économiques. Nous ferions bien d’ajouter une autre raison, conclut Reed : les leçons de l’histoire !

Damien Theillier

professeur de philosophie

 

“ À la fin, plus que la liberté, ils voulaient la sécurité. Lorsque les Athéniens ne voulurent plus contribuer à la société, mais qu’au contraire la société contribue à leur bien-être, lorsque la liberté qu’ils souhaitaient consistait à être libérés de toute responsabilité, alors Athènes cessa d’être libre ”.

Edward Gibbon (1737-1794)

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