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Académie d'Etudes Civiques et Sociales
1 novembre 2013

La Toussaint : fête de l’espoir

En ce jour de Toussaint, je ne crois pas inutile de rappeler le sens profond de cette grande fête.

Tout d’abord, et les chrétiens le savent bien, la Toussaint n’est pas une fête triste, mais une fête joyeuse. La Toussaint est un jour d’allégresse. Il y a de la joie à honorer tous ceux, connus et inconnus, qui ont vécu dans la sainteté. Et ils sont des multitudes. “ J’ai vu une foule immense que nul ne pouvait dénombrer, une foule de toutes nations, races, peuples et langues ” nous dit l’Apocalypse de Saint Jean. C’est rappeler que la sainteté est un chemin offert à tous les hommes. Toussaint, c’est la “démocratisation” de la sainteté.

L’allégresse ne vient pas que du passé, de la mémoire des saints qui nous ont précédés, mais aussi du futur, de la promesse que tous ceux qui vivent dans la sainteté, et nous tous qui y sommes appelés, vont accéder à une vie d’où le temps et les larmes auront été effacés. Toussaint est un acte de foi dans un avenir de joie, c’est une fête de l’espoir. Et, chose encore plus importante, cet espoir est offert à tous les hommes : tous saints si nous le voulons. La sainteté n’est pas réservée à une infime minorité de bienheureux, qui font et qui auront fait des choses remarquables dans leur vie. Certes de grands personnages comme Jean XXIII ou Jean Paul II qui seront canonisés en avril 2014 sortaient de l’ordinaire et ont pesé sur le sort de millions de croyants et incroyants. Mais chacun peut venir grossir la “foule immense”, car la sainteté ne signifie pas être “héroïque et grandiose, auréole et mystique” (Guillaume de Menthière). Il y a dans la sainteté une grande dose d’humilité, elle est souvent faite de petites attentions aux autres, de petites victoires sur soi. On rapporte que “ Saint François de Salles a dû batailler trente ans pour apprendre à fermer une porte sans la claquer ” ; la douceur, la maîtrise de sa violence, la marche vers la sérénité, nourrissent cette sainteté au quotidien, aussi profonde que l’admirable sacrifice des martyrs qui sont persécutés et meurent pour leur foi.

Il n’est pas surprenant que l’un des textes de la Toussaint soit celui des Béatitudes. Car les Béatitudes montrent les divers chemins vers la sainteté, ouverts aux “ pauvres de cœur, aux doux, à ceux qui pleurent, à ceux qui ont faim et soif de la justice, aux miséricordieux, aux cœurs purs, aux artisans de paix, à ceux qui sont persécutés pour la justice, à ceux que l’on insulte et que l’on persécute pour leur foi ”. À tous ceux qui empruntent ces chemins, le Christ fait la promesse décisive : “ Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux ”.

Si je veux transposer le sens de la Toussaint au monde profane, c’est un appel à l’allégresse qui s’impose aujourd’hui. Je vois trop souvent autour de moi des gens qui se lamentent, qui se révoltent ou au contraire se résignent. Les uns pleurent sur leur santé perdue, ou celle d’un être cher, les autres sur leur famille détruite, d’autres encore sur leur misère et leur insécurité, qui menacent les leurs. On les comprend, mais le désespoir les paralyse, alors que le courage de lutter les soulagerait – puissent-ils y accéder avec notre aide peut-être. Mais la sinistrose a envahi le débat public : nos gouvernants, nos élus, n’ont-ils pas perdu toute raison, notre patrimoine, notre travail, notre liberté ne sont-ils pas menacés, voire ruinés, et notre nation n’est-elle pas divisée et livrée à la haine et à la violence ? Nous sommes loin de l’esprit des Béatitudes !

À mes yeux, ce n’est pas le moment de pleurer sur la France du déclin, sur la tombe de la liberté. Ce n’est pas le moment de la fuite en avant, de la radicalisation des désespoirs, de la revanche des injustices. C’est le moment de montrer le chemin. Il nous reste quelques mois avant les échéances politiques majeures de 2017 pour amorcer et développer la reconquête des esprits, et cette bataille devra se prolonger sans cesse, sans la trêve d’une victoire (probable) des oppositions en 2014.

Éclairer les Français sur les béatitudes : voilà notre mission. Elles exigent une véritable conversion personnelle : reprendre courage, y croire à nouveau, encore et toujours, et aller vers ceux qui doutent, vers ceux qui souffrent, vers ceux qui veulent harmonie, justice et paix.

J’ai eu depuis quelques semaines l’occasion de rencontrer des centaines de personnes, connues et inconnues, qui sont attentives et réceptives au message de la liberté et de la responsabilité. C’est cette « foule immense » qu’il faut maintenant informer, enseigner, motiver. Elle sera le levain de la pâte, à enfourner peut-être en 2017, ou avant, ou après.

Je sais que l’une des caractéristiques de notre démission collective est le scepticisme, nourri d’années de déraisons et d’échecs. Certains d’entre vous me prennent ou me prendront pour un rêveur. Mais d’une part je crois que les Français manquent de rêve, il faut leur en donner, d’autre part le rêve est devenu réalité durable dans un grand nombre de pays, qui ont retrouvé prospérité et harmonie sociale. Alors, profitons de la leçon d’allégresse que nous donne la Toussaint et essayons, en toute modestie et en toute conscience de nos imperfections, de nous parer des vertus de nature à nous inscrire dans la lignée de tous les saints.

D’après l’expression de Jacques Garello, économiste

Le Sens de la fête de la Toussaint par Saint Thomas d’Aquin

Bienheureux ceux qui habitent en votre maison, Seigneur ! (Psaume 84[83], 5).

Aucun de ceux qui ont un jugement droit n’ignore qu’unique est la société de Dieu, des anges et des hommes, dont il est question en 1 Corinthiens 1, 9 : Il est fidèle, le Dieu par qui vous avez été appelés à la communion de Son Fils, Notre Seigneur Jésus, le Christ; et de même, en 1 Jean 1, 7 : Si nous marchons dans la lumière, comme Il est Lui-même dans la lumière, nous sommes en communion les uns avec les autres. C’est une société en tant que tous participent à la même fin, la béatitude, car Dieu est bienheureux, et les anges et les hommes obtiennent la béatitude. Mais Dieu est bienheureux par nature, les anges et les hommes le sont par participation. Ainsi, [il est dit] en 1 Timothée 6, 15 : Celui que le Dieu unique et bienheureux montrera aux temps marqués.

Parmi ceux qui sont associés dans une même fin, telle doit être la communion des œuvres que ceux qui n’ont pas encore atteint la fin y soient conduits et, ainsi, nous qui sommes en marche vers la béatitude, nous sommes conduits par des paroles et des exemples; et ceux qui sont déjà parvenus au but aident les autres à y arriver.

Il s’ensuit que nous célébrons les fêtes des saints, qui jouissent déjà de la béatitude, pour être soutenus par leurs suffrages, édifiés par leurs exemples, stimulés par leurs récompenses. Mais puisque nous ne pouvons célébrer la fête de chacun des saints dont le nombre nous est inconnu et que nous commettons bien des négligences dans les solennités que nous célébrons, l’Église a sagement prévu de célébrer tous les saints en une seule fête commune. Ainsi, ce qui n’est pas manifesté spécialement ou qui est négligé dans les fêtes particulières est complété de cette manière. Voilà pourquoi nous fêtons maintenant la cité des bienheureux, la béatitude.

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